Un élan du Coeur bien sûr…
“Pardonnez-moi”, “je vous demande pardon”, “je me pardonne”, “vous êtes pardonné(e)”, “Dieu vous pardonne”...
Un élan censé exprimer, au mieux, un élan de réalisation (je prends conscience), au pire, une certaine forme de repentance (je regrette).
Si on se contente de pieuses paroles, le mot “pardon” se confondra avec le mot “excuse”: je s’excuse, quoi.
Or rien ne saurait plus séparer l’un de l’autre:
Ainsi au-delà du vœu pieux et, bien qu’il soit souvent utilisé à des sauces bien fades ou à contresens, le pardon ne prend véritablement tout son sens que dans l’élan d’une action.
Une action ayant pour source le don du Coeur, en tout simplicité mais également en toute responsabilité.
Si on se sent bien, on va à coup sûr donner sa part de bien-être à quiconque on pardonne. Si on se sent mal, on va en revanche donner du mal-être dans notre pardon.
Alors quelle part de nous-même souhaite-t-on donner? La meilleure ou la pire?
Tel est le choix qu’il nous incombe d’incarner d’instant en instant: assumer sans limites la responsabilité de nos actes ou se dédouaner de nos actions par la culpabilité - envers nous-même ou envers autrui (ou les deux parfois - pire, tu meurs).
Comment pourrait-on pardonner quoi que ce soit à qui que ce soit si on ne s’est pas d’abord accordé à soi la part de responsabilité qui nous revient?
Moi par exemple notoirement, -pour parler de ce que je connais- j’ai du mal à pardonner aux êtres qui me sont le plus proches lorsque la confiance qui nous lie a été trahie. Je les vois alors - parfois, souvent - comme la cause du tort que j’estime subir. Et donc, ce que j’ai à leur donner en échange est forcément du mal-être.
Pourquoi? Parce que je ne ME suis pas encore pardonné d’avoir pu faire confiance à quelqu’un qui a priori ne s’est pas montré digne, et m’a trahi.
Ou peut-être était-ce moi qui ne me suis pas montré digne, en voulant hâtivement faire reposer sur autrui la responsabilité de ma confiance accordée.
Bref, tant que je n’ai pas réussi à faire la part des choses pour me pardonner à moi-même d’avoir accordé une confiance trahie depuis, c’est que je n’ai pas encore dépassé la culpabilité et ne suis pas encore prêt à véritablement pardonner à l’autre.
Et ça peut prendre du temps…
Alors comment pardonner lorsqu’on n’a plus confiance ni en soi ni en l’autre?
Accepter notre part de vulnérabilité implique d’oser ouvrir son Coeur et ce, même lorsqu’on l’a déjà ouvert une fois et que ça a fait mal, très mal parfois.
La trahison, l’injustice, l’humiliation ne sont bien sûr jamais une partie de plaisir… Mais tant qu’on n’est pas sorti du rapport de force habituel de dominé-dominant et qu’on refuse d’ouvrir notre Coeur au prétexte que le monde nous fait du mal, c’est comme si nous refusions à la Vie elle-même le droit de nous traverser.
Ne pourrait-on pas plutôt assumer notre part de responsabilité, sans peur ni culpabilité, avec la sérénité de celui qui sait qu’il fait de son mieux avec ce qu’il sait au moment ‘t’.
Il ne nous reste alors plus qu’à donner cette part de notre responsabilité: “Tiens, voilà la part de moi que je peux te donner pour l’instant. C’est mieux que rien, n’est-ce pas?”
Puis avec patience, avec persévérance, avec une infinie bienveillance envers soi-même et envers nos compagnons d’apprentissage, on peut alors commencer à se reconstruire lentement mais sûrement dans une authentique relation à soi et au monde, dans une relation où l’on n’est plus ni victime ni bourreau ni sauveur mais juste nous-m’Aime, un être potentiel de Lumière qui a pleinement accepté sa part d’ombres portées.
Pour cet Atelier du Dimanche, j’aurai le bonheur d’accueillir Anne-Françoise Rouvet, éditrice, auteur, conférencière, conteuse. Elle accompagne, notamment au travers de sa maison d'éditions "Un Autre Sens", des êtres humains en quête d’un autre sens à la Vie.